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Deux communautés turques bien vivantes

Rédigé par Nat et publié depuis Overblog

Article publié dans le Bulletin  No 802 (premier trimestre 2021) de L’Oeuvre d’Orient dont le dossier “Grand Angle” est consacré à la Turquie

Moins de 2000 syriaques catholiques et 816 chaldéens autochtones composent ces deux communautés qui œuvrent pour leur survie. Sans compter les 5492 réfugiés irakiens en attente de visa pour partir.

Les syriaques catholiques

Hors pandémie, l’église syriaque catholique du Sacré Coeur à Istanbul ne désemplit pas entre les 200 familles locales et les réfugiés irakiens. Les jeunes s’y retrouvent les vendredis soirs, discussions et rencontres avec d’autres communautés… La section des “Femmes de la Vierge Marie d’Ephèse » œuvre pour l’unité de la communauté, assure la pastorale, les besoins matériels et spirituels des pauvres, les repas des rencontres à l’église…  

Tous les matins, Mgr Orhan Çanlı, chorévêque à la tête de la communauté syriaque catholique, célèbre en syriaque, en arabe et en turc la messe retransmise sur les réseaux sociaux. Ainsi, selon les fidèles, chacun comprend une partie. Les deux offices dominicaux, l’un en syriaque et en arabe pour les réfugiés, l’autre en syriaque, arabe et turc pour les locaux, sont assurés en alternance par Mgr Yusuf Sağ, chorévêque émérite  et lui-même.

Cimi Serkek, 35 ans, natif d’Istanbul, est un futur prêtre : “Tout petit déjà, je fréquentais l’église de près ; la prière me tranquillisait, je me sentais proche de Dieu. A 10 ans, j’ai voulu le servir mais j’ai pris ma vraie décision à 15 ans. J’en ai parlé en cachette de ma mère à mon oncle moine qui m’a aidé à avancer. J’ai fini par informer maman, qui, avec joie, est allée parler avec Mgr Sağ. J’ai ainsi pu intégrer le Petit Séminaire au monastère de Charfet (Liban) en 2001. Après une année pour apprendre l’arabe et le français, j’ai poursuivi mes études à Charfet jusqu’en 2015, hormis l’année de mon service militaire. Depuis, j’assiste le chorévêque. Je me suis marié en mai 2019 et suis devenu papa début 2020, les Églises orientales permettant le mariage des prêtres avant l’ordination. 

Les “Femmes de la Vierge Marie d’Ephèse” de la communauté syriaque catholique d’Istanbul entourent S.B. Ignace Youssef III Younan, leur patriarche venu du Liban pour la réouverture de l’église de Mardin. Au-dessus, Suat Türkçan, 79 ans, leur dynamique responsable, et Cimi Serkek, futur prêtre, qui attend la nouvelle date de son ordination par le patriarche, repoussée depuis mars 2020 en raison de la pandémie.

A Mardin où vivent encore 10 familles syriaques catholiques, Ferit Özaltun gère pour la Fondation de la communauté l’entretien de l’église Sainte-Marie – sans prêtre depuis les années 80 – et de ses biens, la restauration du monastère Mor Efrem et quelques bourses pour étudiants de diverses confessions. Le chorévêque syriaque orthodoxe Gabriyel Akyüz officie pour les 85 orthodoxes et catholiques de la ville. 10 familles syriaques catholiques vivent aussi à Iskenderun dont l’église est active 1 fois l’an.

Les chaldéens 

Aux côtés de Mgr Ramzi Garmou, archevêque chaldéen de Turquie depuis 2019 et du père Remzi Diril, Mgr François Yakan, vicaire patriarcal, est intarissable sur les origines très anciennes de sa communauté qui comptait 6 diocèses dans le Sud-Est du pays. Les 816 chaldéens, soit 104 familles dont la majorité vit à Istanbul, disposent de 6 églises dont 2 dans la mégapole, les autres à Mardin, Midyat, Diyarbakır et Siirt. 

Célébration du Vendredi Saint 2018  pour la communauté chaldéenne d’Istanbul par Mgr François Yakan, vicaire patriarcal, à droite

La fondation chaldéenne d’Istanbul, présidée par Teoman Önder, assure la vie et la représentation de la communauté par rapport à l’État : “Par le passé, tout le monde était ensemble, maintenant avec internet et toutes les possibilités d’occupation, nos jeunes sont moins attachés à la religion.” déplore Teoman.

La question des réfugiés irakiens

En 2005, Mgr Yakan a fondé KADER, première et seule ONG chrétienne reconnue en Turquie pour l’aide aux réfugiés. Elle travaille dans 68 villes en collaboration avec les ONG locales et intervient surtout pour les situations d’urgence. Accueil, orientation, traduction, papiers administratifs, aides alimentaires, au logement, aux soins constituent l’essentiel de son action. 

Depuis l’été 2014, Nael, 26 ans, réfugié chaldéen de Bagdad, est très investi dans l’église franciscaine de Samsun où vivent 30 familles irakiennes. Très doué pour le dessin, la peinture et les dessins digitaux, il souhaite étudier l’architecture. La demande d’asile de sa famille au Canada a été refusée et Nael a fini par convaincre les siens d’opter pour Strasbourg ; un nouveau dossier va être constitué.

Milad, 25 ans, arrivé à Istanbul en 2014 d’un village près de Mossoul avec ses parents, sa sœur et son frère, subvient aux charges de la famille.  Après avoir travaillé au noir dans une entreprise textile, il est traducteur déclaré depuis 3 ans dans un centre d’implants capillaires. Après 2 dossiers refusés pour l’Australie et le Canada où vivent des proches, le troisième, parrainé par une communauté catholique canadienne, sera-t-il le bon ?

Jusqu’à ses 10 ans, il fait partie du chœur de son église. Une fois en Turquie, sa rencontre avec les salésiens lui a permis de faire l’expérience de Dieu à l’Oratorio Don Bosco. Dieu l’a touché dans son cœur : “J’ai eu une vie difficile ici au début, puis papa a été malade. 2019 a été stressante, je travaillais 16 h/jour et la tension régnait en famille. Le soutien psychologique du père Jacky a été précieux. J’ai demandé à Dieu de me montrer la voie et l’idée de devenir prêtre a fait son chemin mais ne s’est pas encore concrétisée. Je suis l’aîné, si je laisse ma famille, comment va-t-elle manger ? L’idée est toujours là mais…”

Filles et garçons jouent et prient ensemble, impensable en Irak ! Ici une représentation théâtrale des jeunes de l’oratorio des salésiens de Don Bosco, au lycée Notre-Dame de Sion à Istanbul. Pour Milad, réfugié irakien, debout à gauche : “Tous les jeunes devraient avoir une expérience éducative comme celle que j’ai eue avec les salésiens. Le jour où je partirai, ils me manqueront. Je ne pourrai jamais assez les remercier ni les oublier.”

Le père Jacky Doyen, directeur de Don Bosco à Istanbul, se souvient avec émotion des 400 jeunes à son arrivée comme diacre en 2006 pour les camps d’été : “Il y avait des irakiens et des iraniens et la guerre Iran-Irak en même temps, ils vivaient ensemble… mais séparés dans la cour. Les différences entre garçons et filles étaient plus fortes, l’esprit salésien leur a permis de dépasser cet aspect de la culture.” 

http://www.dubretzelausimit.com/2021/03/deux-communautes-turques-bien-vivantes.html?fbclid=IwAR3c4mzJ6e–Sazv1IwApjnA1kcCsbaFPvS3VfpDOzRbb4rAiLQTryOwNsc

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