Un Sommet des Fondations des communautés minoritaires, organisé par la Fondation de la communauté juive d’Izmir dans le cadre de son projet Despertar, s’est tenu à Izmir du 25 au 27 avril 2022. Parmi les 167 Fondations des communautés minoritaires en Turquie, l’hôte du sommet est la seule fondation smyrniote.
Les représentants de la Direction Régionale des Fondations, la Présidence ainsi qu’une délégation de l’Union Européenne, la mairie métropolitaine d’Izmir ainsi que les représentants des communautés juives, grecques, arméniennes et syriaques ont participé à cet important rendez-vous.
Le Sommet a été introduit par Ceki Hazan, coordinateur du projet Despertar soutenu par l’Union Européenne dans son programme d’aide à la société civile. Les participants ont ainsi pu apprendre qu’Izmir abrite le seul complexe au monde d’anciennes synagogues adjacentes construites dans un style architectural séfarade unique du XVème siècle dont 13 sur 34 sont encore visibles de nos jours. “En tant que Juifs d’Izmir, nous voulons partager, apprendre et explorer avec les peuples de Turquie et du monde, en particulier nos concitoyens d’Izmir, tout en transmettant notre héritage religieux et culturel avec des centaines d’années d’histoire aux générations futures.” a été dit en substance.
Le premier discours d’ouverture a été prononcé par Avram Sevinti, Président de la Fondation de la communauté juive d’Izmir. Il a notamment insisté sur le sens du mot “Despertar” qui, en langue ladino, signifie “réveil”, sur la place donnée aux jeunes de la communauté pour justement réveiller celle-ci et le rôle qui leur a ainsi été confié. Avram Sevinti a également brossé un tableau des travaux de restauration effectués dans différentes synagogues de la ville.
A. Hakan Atik, Président du Département de mise en œuvre des projets au sein de la Présidence de l’Union Européenne du Ministère turc des Affaires étrangères, a ensuite pris la parole. Il a, entre autres, évoqué les 34 projets soutenus financièrement au profit des Fondations des communautés de minorités pour un montant de 60 millions d’Euros et sur l’importance de la propriété des biens et cultures respectives.
Le premier panel du sommet qui avait pour thème “Biens immobiliers et fondations fusionnées” a été modéré par Laki Vingas (Président de la Fondation de l’église et de l’école grecques orthodoxes Panayia de Yeniköy/Istanbul). Les intervenants étaient Stelyo Berber (Président de la fondation de l’église Saint-Georges de Fener/Istanbul), l’avocat Ömer Kantik, et par liaison vidéo Fadi Hurigil (Président de la Fondation de l’église orthodoxe grecque d’Antakya) et Sait Susin (Président du Conseil d’Administration de la Fondation de l’église syriaque orthodoxe de la Vierge Marie à Istanbul).
La journée de mardi a débuté avec l’intervention de Muteber Yılmazcan Simonetti, coordinatrice générale à l’office de représentation des fondations des minorités – seule femme au sein de ce bureau – qui a évoqué les projets soutenus par l’Union Européenne. Ceki Hazan a rendu compte des événements organisés par Despertar.
La parole a ensuite été donnée à Erol Amado, vice-président de la Fondation de la communauté juive d’Izmir. Il a, dans un premier temps, partagé des informations tant sur la communauté que sur l’organisation de la Fondation et des 4 associations annexes. Puis, il a expliqué en détail les travaux réalisés par la Fondation, le tableau de ses forces et faiblesses, sa vision, ses valeurs et caractéristiques avant de présenter son plan stratégique 2023-2025.
C’est ensuite avec le premier panel portant sur “Les élections des dirigeants des fondations des communautés minoritaires et les modèles de gestion de la nouvelle période” que s’est poursuivie la matinée avec, comme modérateur, Tevfik Başak Ersen (membre du Conseil des Fondations). Les orateurs, à savoir le Prof. Dr. Toros Alcan (Président de la Fondation du lycée arménien Surp Haç Tıbrevank d’Istanbul), Laki Vingas cité précédemment, S. Can Ustabaşı (Représentant des Fondations des communautés) et en liaison vidéo Moris Levi (Vice-Président de la communauté juive turque), ont longuement parlé de ces questions importantes. Il faut rappeler que les communautés minoritaires n’ont pas eu le droit d’organiser leurs propres élections depuis 9 ans, mais l’espoir d’un résultat positif dans les semaines et mois à venir se dessine actuellement.
Le mécanisme de supervision nécessaire, le professionnalisme requis, l’égalité des citoyens comme durant l’Empire ottoman, la nécessité pour les fondations d’unir leurs forces, de même que le soutien de l’État, ont notamment été débattus.
Deux autres panels ont eu lieu dans l’après-midi, le premier ayant pour thème “Le rôle des femmes dans les fondations” avec Muteber Yılmazcan Simonetti, citée plus haut, en tant que modératrice. Tamar Karasu (représentant la Fondation de l’école arménienne Kalfayan d’Istanbul), Jani Dülger Ağazaryan (administratrice de l’hôpital Surp Agop d’Istanbul), İdil Karayeğin (membre du Conseil d’Administration de la Fondation juive Karaim de Hasköy/Istanbul), Semra Abacı (membre du Conseil d’Administration de la Fondation de l’église syriaque orthodoxe de la Vierge Marie d’Istanbul) et Deniz Saporta (coordinatrice générale de la communauté juive turque) ont apporté une note colorée et positive quant à l’importance de leur place au sein des Fondations. “Si les élections, qui n’ont pas eu lieu depuis 9 ans, peuvent avoir lieu cette année, nous attendons des femmes qu’elles brisent la domination masculine et participent davantage à la gestion des fondations.” a notamment été dit.
Le dernier panel de la journée portait sur “Les minorités et la lutte contre les discriminations”. Le rôle de modérateur a été assumé par Ferhat Kentel (Coordinateur général de BAYETAV) avec comme participants Yelda Şimşir (Bureau de l’égalité de la justice urbaine de la municipalité métropolitaine d’Izmir), Sevan Ataoğlu (Secrétaire général de la plateforme ADİP), Dr. Nesrin Uçarlar (Fondation Hrant Dink) et Dr. Özgür Kaymak (chercheur et académicien).
Mercredi matin s’est tenu un dernier panel, également très important, sur “L’éducation, l’école et la jeunesse” avec, en tant que modérateur, Ceki Hazan, également coordinateur de l’éducation au sein de la Fondation de la communauté juive d’Izmir. İoakim Kamburopulos, directeur du lycée grec de Gökçeada, Röne Kaspi, coordinatrice de l’éducation des écoles privées juives d’Ulus/Istanbul, İnci Atacan, coordinatrice de l’école maternelle privée syriaque Mor Efrem d’Izmir, Nurhan Palakoğlu, coordinateur de la commission mixte de l’école ERVAB, et Rita Nurnur, présidente du Conseil d’Administration de la fondation de l’école arménienne Mhitaryan Bomonti à Istanbul, ont, tour à tour, présenté les différents établissements d’enseignement à l’aide de supports vidéos suivis par des informations fort intéressantes sur leurs origines et leur situation actuelle respectives.
Une visite culturelle avec le guide levantin Enriko Filipuçi a clôturé en beauté ce riche et intense programme. L’itinéraire de plusieurs heures a d’abord mené le groupe aux mosquées Hisar et Şadırvan de Kemeraltı, puis dans les synagogues Algaze et Bikur Holim situées dans le même quartier avant de terminer par les églises latines catholiques Santa Maria et Saint Polycarpe, cette dernière abritant par ailleurs le siège de l’archevêché de Smyrne.
Pendant deux jours et demi, ce Sommet a pleinement rempli tous ses objectifs, à savoir :
– Partage du projet Despertar Izmir avec des représentants d’autres fondations et des leaders d’opinion en Turquie,
– Partage du plan stratégique de la Fondation de la communauté juive d’Izmir,
– Présentation du travail effectué par la Fondation précitée (études sur le patrimoine culturel, collaborations avec des ONG et des gouvernements locaux),
– Discuter des problèmes et des besoins des fondations et faciliter l’échange de vues.
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