L’Arménie et l’Azerbaïdjan sont au bord de la guerre. Des combats meurtriers se déroulent depuis hier entre les deux pays, placés en état d’alerte maximale. Au cœur du conflit, latent depuis trente ans, une province séparatiste : le Haut-Karabakh.
Le Haut-Karabakh, c’est un territoire grand comme la moitié de la Corse, bordé de montagnes, situé au sud de l’Azerbaïdjan et tout près de l’Arménie. Nous sommes précisément dans le sud du Caucase, région bordée à l’ouest par la Mer Noire, à l’est par la Mer Caspienne.
En 1991, à la chute de l’empire soviétique, le Haut-Karabakh (peuplé en majorité d’Arméniens chrétiens), déclare son indépendance au prix d’une guerre sanglante : plus de 30.000 morts et des centaines de milliers de déplacés.
Pas reconnu par l’ONU
Aujourd’hui le Haut-Karabakh fonctionne comme n’importe quel État, avec une capitale, un parlement d’une trentaine de députés… sauf qu’il n’est pas reconnu par les Nations Unies. Au regard du droit international, il fait toujours partie de l’Azerbaïdjan, pays majoritairement chiite, qui tente régulièrement de reprendre la main sur son ancienne province séparatiste, soutenue elle par l’Arménie.
Les différents protagonistes, fortement ancrés dans une réthorique nationaliste, sont dans une logique d’ultra-militarisation : malgré le cessez-le feu signé en 1994, la guerre se poursuit en pointillé sur l’une des frontières les plus militarisées et les plus “volatiles” d’Eurasie, avec des soldats arméniens et azerbaidjanais qui se surveillent constamment et se tirent dessus quasi-quotidiennement. Les accrochages font chaque année une trentaine de morts de part et d’autre de la ligne de front. En juillet déjà, des heurts mortels avaient éclaté à la frontière entre les deux anciennes républiques soviétiques.
Accusations mutuelles
Pourquoi les hostilités ont-elles brusquement repris ce dimanche 27 septembre ? L’Arménie et l’Azerbaïdjan s’accusent mutuellement d’avoir lancé les hostilités.
Une offensive de grande envergure en tout cas a été lancée au petit matin par l’armée azérie contre le Haut-Karabakh, avec avions de chasse, chars et drones de combat. La capitale, Stepanakert, a été bombardée, plusieurs villages auraient été repris, les tirs d’artillerie se faisaient encore entendre ce matin.
Mais il s’agit aussi d’une guerre de désinformation, chaque camp assurant avoir infligé à l’autre de lourdes pertes : impossible de dire combien de morts il y a précisément. Une trentaine au minimum… avec des victimes militaires et civiles. Et les combats se poursuivaient ce lundi matin.
L’Azerbaïdjan a déclaré la loi martiale et l’Arménie la mobilisation générale, appelant tous les hommes volontaires à partir au front. Raviver les tensions frontalières est un aussi une façon de resserrer l’unité nationale autour d’un ennemi historique… et de faire oublier la crise économique.
Azerbaïdjan turcophone et musulman, Arménie chrétienne
Ce conflit est aussi une guerre par procuration entre deux grandes puissances régionales : derrière la république du Haut-Karabakh, il y a l’Arménie, mais aussi la Russie (et dans une moindre mesure l’Iran) ; derrière l’Azerbaïdjan il y a la Turquie.
La Turquie a fait de l’Azerbaïdjan son principal allié dans le Caucase : le pays, dirigé depuis trente ans d’une main de fer par la famille Aliev, est largement turcophone et riche d’immenses réserves de pétrole – qui lui ont permis de se surarmer. Le président Recep Tayyip Erdogan a d’ailleurs promis hier d’aider Bakou “avec tous (ses) moyens” face à “l’agression” de l’Arménie.
De son côté, l’Arménie dénonçait dès dimanche une “ingérence” turque dans le conflit. Les deux pays, marqués par le génocide de la première guerre mondiale, n’ont plus de relations diplomatiques.
Erevan peut en revanche se prévaloir du soutien de la Russie, qui a notamment une base militaire sur son territoire et fait office d’arbitre régional. Mais joue un jeu trouble, en livrant des armes… aux deux pays.
Appels à la cessation des hostilités
Le scénario du pire serait évidemment que les deux grandes puissances entrent ouvertement en conflit, faisant resurgir le risque d’un embrasement du Caucase du sud.
Comme l’ONU, Moscou a très vite demandé l’arrêt immédiat des hostilités, suivie par Paris et Washington.
La France, la Russie et les Etats-Unis, qui ont endossé un rôle de médiateurs au sein du Groupe de Minsk censé diriger les négociations de paix, doivent aujourd’hui surtout essayer d’éviter la guerre.
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