Les Turquoises sont heureux de partager avec vous sa première plume invitée.
Journaliste, photographe et auteur du fameux blog « Du bretzel au simit », Nathalie Ritzmann a accepté notre invitation et nous a envoyé ces merveilleuses lignes revenant sur son « Istanbul » et sa découverte de la Turquie.
Voici un bel hommage poétique à Istanbul et à son nouveau pays…
Moitié alsacienne, moitié turque… et ensuite française.
C’est ainsi que je me définis depuis que j’ai débuté ma seconde vie en Turquie, plus précisément à Istanbul, il y a bientôt 16 ans.
Née à Mulhouse, j’y ai grandi et j’ai passé toute ma première vie en Alsace.. jusqu’à ce que, à un tournant de celle-ci, je visite Istanbul après avoir vu l’émission « Des racines et de Ailes » présentée à l’automne 2001, tournée dans les jardins de Dolmabahçe avec comme fil rouge Kenizé Mourad devenue récemment une amie proche. Quatre reportages donnaient une idée de cette ville qui m’a donné envie de la découvrir, ce qui fût fait durant les vacances pascales de 2002 en compagnie de ma fille. Il a plu 5 jours sur 7 mais je suis tombée sous le charme, littéralement amoureuse, de ce lieu hors du commun où se côtoient 1001 visages et d’innombrables cultures aux confins de l’Europe et de l’Asie.
Je décide de m’y installer et j’arrive le 24 août 2003, d’abord direction la Cappadoce pour quelques jours, le temps d’y faire délivrer en deux jours mon premier permis de séjour touristique (c’était bien plus facile là-bas à l’époque qu’à Istanbul).
Pourquoi suis-je venue vivre à Istanbul ?
Ce tournant de ma vie m’a fait sauter le pas pour enfin réaliser ce qui, apparemment, sommeillait en moi depuis de années, vivre à l’étranger mais c’est là que je me suis de suite sentie chez moi. Cela ne s’explique pas, cela se vit…La ville-monde m’a interpellée, attirée, comme un aimant.
J’avais découvert une petite part de la Turquie auparavant, en juillet 1998, la côte touristique entre Alanya et Side, mais peu à l’aide dans ce type de structures, l’escapade de quelques jours en Cappadoce et à Konya m’avaient laissé d’excellents souvenirs, ceux d’habitants hospitaliers, serviables comme on est incapable de le faire en France. Un turc rencontré à Üçhisar, devenu mon plus vieux pote du pays, nous a au bout de quelques minutes prêté sa voiture pour nous dépanner…
Après 4 ans sur place, j’ai souhaité remercier à ma façon ce pays qui m’a accepté telle que j’étais, qui m’a pris dans ses bras, m’a ouvert les portes… et ce n’était qu’un début. J’ai ainsi décidé de commencer mon blog « Du bretzel au simit » afin de présenter et faire connaître « Ma Turquie » tant au niveau des lieux qui me plaisent, que ce soit à Istanbul ou dans le reste du pays que j’ai commencé à sillonner en long et en large, sa culture ou plutôt ses cultures…
J’ai d’abord donné des cours de français à des jeunes et moins jeunes, puis j’ai travaillé à mi-temps dans une école maternelle privée. Au bout de deux ans, j’ai décroché je ne sais pas encore comment aujourd’hui, un poste de responsable de gestion dans une société internationale de contrôle qualité dans le textile… J’y suis restée deux ans au bout desquels j’ai démissionné – pour la seconde fois de mon existence, la première fois c’était en Alsace de la fonction publique après y avoir passé 20 ans et entre temps goûté au privé et à l’entreprenariat – et après quoi, j’aurais eu largement de quoi écrire un bouquin, tant j’y ai vécu des péripéties en tous genres…
Après une petite période de pause, j’ai trouvé un emploi de directrice financière à mi-temps – alors dans une petite entreprise de transports internationaux où je suis restée durant 5 ans…
En 2012, mes deux premières expositions photos – à Plovdiv (Bulgarie) et dans la galerie de la mairie de Beyoğlu/Istanbul – aux côtés d’un artiste français d’origine arménienne ayant vécu un temps à Istanbul m’a décidé à abandonner les finances et la gestion pour tenter de vivre uniquement de ce que j’aime, la photo et l’écriture. Au bout d’un an d’errance, c’est finalement le lycée Notre-Dame de Sion d’Istanbul qui m’offre cette opportunité en créant un poste qui n’existait pas jusqu’alors. J’y suis depuis 6 ans maintenant, mêlant le rôle de photographe à celui de blogueuse et des publications sur les réseaux sociaux de l’établissement.
A côté de cela, je poursuis et développe mes travaux photos, vadrouille autant que possible aux quatre coins du pays pour continuer à le découvrir et à le faire découvrir, à écrire également mais peu faute de temps (je suis correspondante du petitjournal.com d’Istanbul (journal électronique) et depuis un an de la revue trimestrielle française « Le monde de la Bible ».
« Non, je suis mariée AVEC la Turquie »
Par ailleurs, j’ai acquis depuis 8 ans et demie la nationalité turque et quand on me demande si je suis mariée à un turque, je réponds en plaisantant « Non, je suis mariée AVEC la Turquie », que je dois souvent répéter une seconde fois jusqu’à ce que les gens percutent…
J’en ai appris des choses en 16 ans dans ce pays, je suis devenue une autre Nathalie qui a trouvé ici sa place, qui a à présent une véritable double culture, source de richesses énorme à mes yeux. Si je reste alsacienne dans ma façon de travailler (organisée, structurée), je suis turque dans ma relation avec l’Autre, mon désir de communiquer, ma curiosité. Les turcs me disent que je connais beaucoup mieux leur pays qu’eux mêmes et souvent ils le redécouvrent autrement ou approfondissent la connaissance de leur memleket (la ville ou la région d’où ils sont originaires) à travers mes photos, mes articles.
J’ai pris ici – et je prends encore – de véritables leçons de vie grâce à toutes ces rencontres faites au fil du temps. Je finirai bien, un jour, inşallah, par mettre noir sur blanc dans un livre, tout comme j’espère, d’autres sujets toujours en rapport avec la Turquie que j’aime, qui m’a permis d’ETRE, de grandir et de devenir celle que je suis aujourd’hui.
https://turquoises.org/2019/07/18/une-plume-dalsace-et-seize-ans-de-turquie/
İlk yorum yapan siz olun