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Manuşyan’ı Andık.

Ohannes Conkar
Cumartesi günü Misak Manuşyan’ı andık, aşağıda bulunan bildiriler okundu. Ne yazık ki biz Ermenilerden kimse yoktu denebilir. Ben ve bir arkadaşım Kevork, galiba iki tanede eski Ermenilerden varmış. Toplam 15 kişi kadar vardık, diğerleri Fransız’dı.  Bizler Misak’ı unutmuşuz da haberimiz yokmuş. Çok acı bir durum.  Aşağıda ki bildirileri Fransızca okurken de Louis Aragon’un şiirini banttan verdiler.

Kutlamayı PCF FRONT DE GAUCHE gerçekleştirdi, kendileri unutmamış, sorduğumda her sene kutlarız ve Ermeniler bir iki tane ya olur ya olmaz dediler.

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Aujourd’hui nous nous retrouvons pour honorer la mémoire du groupe

MANOUCHIAN
De nombreux étrangers présents en France avant la guerre, en particulier ceux qui avaient fui le fascisme et la tyrannie dans leur pays se sont engagés dans leur pays se sont engagés dans la Résistance en France. L’épisode de l’Affiche rouge est là pour rappeler la grandeur de leur engagement et leur martyr.
Dans la résistance communiste, rassemblés dans une structure clandestine appelée Main-d’oeuvre immigrée (MOI), opérent au sein d’unités militaires relevant des FTP (France-tireurs et partisans). Au début de 1944, l’occupant et les partisans de la collaboration tentent de compromettre la Résistance en jouant les cartes du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie.
Le réseau Manouchian était constitué de 23 résistants communistes, dont 20 étrangers: des Espagnois rescapés de Franco, enfermés dans les camps français des Pyrénées, des Italiens résistant au fascisme, des Arméniens, des Juifs surtout échappés à la rafle du Vel’d’Hiv de juillet 1942 et était dirigé par un Arméniens, Missak Manouchian. Ils sont arrêtés en novembre 1943 et jugés en février 1944. Condamnés à mort le 21 février :
Les 23 hommes sont fusillés le même jour au fort du Mont-Valérien. Olga Bancic, le seule femme du groupe, est décapitée le 10 mai jour de son anniversaire de la même année à Stuttgart, en application du manuel de droit criminel de la Wehrmacht interdisant alors de fusiller les femmes.
Tout de suite après, une affiche l’Afiche rouge est placardée en 15000 exemplaires sur les murs de France. Le tract qui l’accompagne présente ces libérateurs de l’intérieur comme un ramassis de tueurs. “Si des Français pillent, volent, sabotent et tuent… Ce sont toujours des étrangers qui les commandent. Ce sont toujours des chômeurs et des criminels professionnels qui exécutent. Ce sont toujours des juifs qui les inspirent. c’est l’armée du crime contre la France. Le banditisme n’est pas l’expression du Patriotisme blessé, c’est le complot étranger contre la vie des Français et contre la vie des Français et contre la souveraineté de la France”
Il est certes difficile de mesurer l’impact exact de cette affiche, passée à la postérité sous le nom d’Affiche rouge, sur les Français. Il est certain qu’ici et là des mains anonymes ont déposé des fleurs au pied de ces affiches ou ont collé dessus des bandeaux ou l’on pouvait lire : “Des martyrs”, ou “Oui ! L’armée de la Résistance”. Sur les visages émaciés des martyrs, les passants ont sans doute lu surtout les tortures subies. Peut-être ont-ils perçu le mur en arrière-fond comme celui des fusillés, tombés pour que vive leur nouvelle patrie. Il est clair, en tout cas, que la propagande Allemande et collaborationniste n’a pas atteint son but. “L’armée du crime” n’a pas fait horreur à une population qui pourtant, à chaque attentat, souffrait des prises d’otages. Si cette affiche suscita de la haine, ce fut contre les bourreaux, et non contre ces patriotes venus d’ailleurs.
Dans un dernier courrier envoyé à sa femme Missak Manouchian à demander d’honorer leurs mémoires : <J’en suis sûre que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement.<
Notre devoir de mémoire est intact, voir surmultiplié, pour commémorer ici tous ensemble l’anniversaire tragique de l’exécution de ces 23 frères et soeur, à la fois si différents mais tellement unis pour un même combat, celui de mettre aux oubliettes les idées les plus barbares que l’être humain n’est jamais engendré. Ils firent don de leur vieà la France, pour sa liberté et son honneur et s’ils furent étrangers sur le papiers, ils seront pour toujours français par leur sang versé.
Sans distinction de religion, de race ou de couleur de peau, souvenons-nous de ces hommes et femmes là, qui firent dont de leur vie pour, nos valeurs communes, nos idéaux fondamentaux, la tolérance et la solidarité.
Nous communistes, préférons la différence. Oui nous aimons ce pays tolérant qui dans son histoire a toujours su accueillir les populations en souffrance et qui ont contribué très largement à le construire et à le défendre.
Rien ne s’éteint jamais, que ce soit nos mémoires, mais aussi la bête immonde qu’ils ont combattu hier pour notre liberté d’aujourd’hui. Alors en ces temps actuels si troublés, célébrons aussi les peuples qui luttent et qui payent de leur vie, leur soif de liberté et de démocratie.
Letres du Missak Manouchian :
Ma chére Méline, ma petite orpheline bien aimée.
Dans quelques heures je ne serai plus de ce monde. On va être fusillé cet après midi à 15 heures. Cela m’arrive comme un accident dans ma vie, je n’y crois pas, mais pourtant, je sais que je ne te verrai plus jamais.
Que puis-je t’écrire, tout est confus en moi et bien et bien claire en même temps. Je m’étais engagé dans l’armée de la Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la victoire et de but.
Bonheur! à ceux qui vont nous survivre et goutter la douceur de la liberté et da la Paix de demain.
J’en suis sûre que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement.
Au moment de mourir je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple Allemand et contre qui que ce soit. Chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple Allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur! à tous! _ J’ai un regret profond de ne t’avoir pas rendu heureuse. J’aurais bien voulu avoir un enfant de toi comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre sans faute et avoir un enfant pour mon honneur et pour accomplir ma dernière volonté. Marie-toi avec quelqu’un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je lègue à toi et à ta soeur et pour mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l’Armée française de la Libération. Avec l’aide des amis qui voudront bien m’honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écris qui valent d’être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possibles, à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades toute à l’heure avec courage et sérénité d’un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n’ai fait mal à personne et si je l’ai fait, je l’ai fait sans haine. Aujourd’hui il y a du soleil. C’est en regardant au soleil et à la belle nature que J’ai tant aimé que je dirai.
Adieu! à la vie et à vous tous ma bien chère femme et mes bien chers amis.
Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal où qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendu. Je t’embrasse bien bien fort ainsi que ta soeur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon coeur. Adieu. Ton ami. Ton camarade. Ton mari Manouchian Michel (djanigt).
MORT POUR LA FRANCE
“Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisan
Vous aviez vos portrait sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORT POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que la cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Méline o mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.”
 Louis Aragon (1897-1982)
Ohannes Conkar     pakraduni5@hotmail.fr

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