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Célébration de Noёl à Samsun avec la communauté des chrétiens d’Orient irakiens

Rédigé par Nat et publié depuis Overblog

A l’église catholique Notre-Dame des Douleurs de Samsun, autour de son curé le père Marcelo et du supérieur le père Adrian, tous deux prêtres franciscains italo-argentins, était réunie pour célébrer Noёl la communauté irakienne des chrétiens d’Orient de la ville composée d’une trentaine de familles. Plusieurs autres avaient fait le voyage de 4 heures en bus de Yozgat pour l’occasion.

Célébration de la Nativité à l’église catholique Notre-Dame des Douleurs à Samsun avec les chrétiens d’Orient irakiens

C’est dans le jardin que la célébration a débuté autour d’un feu, tradition perpétuée par les chrétiens d’Orient et symbolisant les paroles d’Isaie : “Le peule qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, et sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort, la lumière a resplendi.” Après une courte introduction par le curé et la bénédiction du feu, c’est en procession et en chantant un cantique que l’assemblée s’est rendue dans l’église. 

Début de la célébration de la Nativité dans le jardin de l’église catholique Notre-Dame des Douleurs à Samsun

Quatre petits avaient endossé une tenue d’ange, deux enfants un peu plus âgés celles de Marie et Joseph et le rôle de l’enfant Jésus était assuré par un bébé de la communauté, le tout formant ainsi une crèche vivante très émouvante.

Célébration de la Nativité à l’église catholique Notre-Dame des Douleurs à Samsun avec les chrétiens d’Orient irakiens

C’est en turc et en anglais, le tout traduit en langue arabe, qu’a eu lieu la cérémonie. Des chants en syriaque, en arabe et en turc ont été interprétés de façon remarquable par la chorale de la paroisse dirigée par le jeune Nael et accompagnée à l’orgue électrique par un jeune étudiant rwandais. 

La chorale irakienne de l’église catholique Notre-Dame des Douleurs à Samsun – fête de la Nativité 2019

Quatre étudiants de la section des arts de la communication visuelle de la faculté des Beaux-Arts de l’université de Samsun qui préparent depuis un mois un documentaire sur l’église de Samsun, son histoire et sur le christianisme étaient présents pour la veillée, munis de leurs appareils photos pour découvrir et immortaliser ce moment hors du commun.

Yasır, 44 ans, professeur d’anglais dans un collège irakien, de confession syriaque catholique, était chargé d’assurer la traduction. Originaire de Bakhdida (Qaraqosh) près de Mossoul, cité de plus de 50 000 habitants a majorité chrétienne, sa vie et celle des siens a basculé au courant de l’été 2014. En effet, deux mois après l’occupation de Mossoul par Daech, l’Etat islamique attaque sa ville. Plusieurs habitants sont tués et les chrétiens mis en demeure par l’occupant de se convertir ou d’être tués… La seule solution est celle adoptée par Yasır et la plupart, l’exode ! Avec sa femme et ses trois enfants âgés alors de 1, 3 et 5 ans, ils prennent en voiture la direction d’Erbil au matin du 6 août 2014. Au lieu des 50 mn de trajet habituel, le voyage dure plus de 10 heures car de tous les alentours, les habitants prenaient la fuite pour se réfugier à Erbil.

Yasır y vivra durant 15 mois jusqu’au 10 novembre 2015 avant de prendre la direction de la Turquie, destination Ankara pour s’enregistrer auprès des services d’UNHCR, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Ces derniers lui proposent une quinzaine de villes turques où il peut demeurer mais Samsun n’y figure pas. Ses parents y habitant depuis un an, il demande s’il est possible de vivre auprès d’eux, requête acceptée. Plus tard, les parents émigrent en Australie et Yasır remplit un dossier de demande pour les rejoindre.

Yasır, syriaque irakien, église catholique Notre-Dame des Douleurs à Samsun – 24 décembre 2019

10 mois plus tard, il est convoqué par l’UNHCR pour une premier entretien. Un appel ultérieur est effectué pour savoir s’il veut continuer la procédure pour l’Australie ou s’il est d’accord de recourir à un autre pays en accord avec le programme du Haut Commissariat, auquel cas il faut annuler le dossier initial, ce qu’il décide de faire. Deux mois passent et en août 2017, les services lui demandent s’il accepte  de faire une demande pour les USA. En septembre de la même année, il est convoqué pour une nouvelle interview à Istanbul à ICMC, la Commission Internationale Catholique pour les Migration, afin de préparer son profil pour une ultime interview qu’il attend toujours… La politique d’accueil des étrangers aux USA a malheureusement changé depuis…

Parti d’Irak avec ses quelques économies et depuis avec l’aide de sa famille vivant à l’étranger, c’est la débrouille permanente. Rester en Turquie, retourner dans une autre ville d’Irak que la sienne mais avec les dangers que cela représente, le risque de disparaître comme cela fut le cas pour une famille partie vivre à Bagdad, l’avenir de Yasır et des siens est plus qu’incertain…

Juliet, 60 ans, qui habitait la capitale, est de confession chaldéenne. Arrivée en Turquie avec son mari et ses 3 enfants en septembre 2013, elle a d’abord résidé durant 40 jours à Sakarya avant de s’installer à Yozgat.

Juliet, chaldéenne irakienne, suit sur le portable la célébration de la Nativité à Bağdad, église Notre-Dame des Douleurs à Samsun 

Une de ses filles, Rana, 29 ans a cessé d’aller à l’école à l’âge de 13 ans lorsque la guerre a commencé en Irak. Vu son âge, elle aurait dû payer pour pouvoir poursuivre sa scolarité en Turquie. Elle a finalement appris la coiffure à Yozgat durant 5 ans et bien que ses compétences sont à présent confirmées, elle n’a pas de diplôme. Elle est aussi douée en cuisine, joue de la flûte traversière et fait de la photographie. Rana a de la famille en Australie et une demande a été faite il y a un an pour la rejoindre. Cette jolie jeune femme a plusieurs cordes à son arc mais laquelle lui permettra d’assurer son avenir ?

Rana, chaldéenne irakienne, église catholique Notre-Dame des Douleurs à Samsun – 24 décembre 2019

Zaki, 54 ans, également chaldéen, habitait Mossoul où il exerçait la profession de chauffeur poids lourds. Venu en Turquie le 15 juin 2016 avec sa femme, ses trois enfants adultes, sa belle-fille et ses deux petit-enfants. Issue d’une grande famille – 14 enfants dont 2 morts – sa grand-mère était la soeur du grand-père de Juliet. Cinq de ses frères vivent en Australie et un à Münich.

A droite tenant l’encensoir, Zaki, chaldéen irakien, église catholique Notre-Dame des Douleurs à Samsun – 24 décembre 2019

Nael, 25 ans, qui dirige avec brio la chorale de la paroisse et contribue activement à la vie de celle-ci, est aussi chaldéen. Il est arrivé en Turquie en juillet 2014 avec sa mère, sa sœur de 18 ans ainsi que son frère de 24 ans. Sa soeur aînée de 29 ans habite aux Etats-Unis depuis 6 ans. Son père continue de travailler en Irak pour une compagnie pétrolière étatique afin d’assurer financièrement la vie familiale et vient régulièrement voir les siens. Un dossier a été déposé il y a moins d’un an pour émigrer au Canada, affaire à suivre…

Si Johanna, sa plus jeune sœur, qui dispose d’une voix d’or extraordinaire dont le timbre résonne au sein de la chorale et suit un enseignement de design au lycée professionnel, Nael, quant à lui, a développé en Turquie des dons cachés jusque là : ses dessins, ses peintures à l’huile et ses dessins digitaux ont révélé un talent hors du commun. Il a également commencé à jouer du violon de façon intensive mais les prix exorbitants demandés pour les cours l’ont contraint d’arrêter.

Jusqu’en novembre dernier, il a donné des cours de dessin et de peinture à des membres de la communauté irakienne intéressés et à partir de début janvier, il proposera des cours de solfège pour ceux qui le souhaitent.

Nael, chaldéen irakien, église catholique Notre-Dame des Douleurs à Samsun – 24 décembre 2019

Les enfants des chrétiens d’Orient réfugiés en Turquie et en âge d’être scolarisés peuvent aller à l’école publique. Les réfugiés irakiens bénéficient également d’une prise en charge médicale hospitalière totale et partielle pour les médicaments. Ils n’ont pas le droit de travailler… si ce n’est de manière irrégulière, le plus souvent exploités avec des salaires de misère en contrepartie de 12 h de travail quotidien.

L’église de Notre-Dame des Douleurs de Samsun, qui porte bien son nom au vu de ceux qui la fréquentent, a été construite à partir de 1885 sur le site du premier édifice de culte en bois érigé en 1845 pour les huit frères capucins italiens habitant auparavant en Géorgie. Elle dépendait alors du Consulat de France installé à Samsun. C’est grâce à un firman de 1876 signé par le sultan Murat V, qui avait appris le français à l’âge de 14 ans et est resté au pouvoir durant seulement 93 jours, que l’actuelle église existe.

L’église catholique Notre-Dame des Douleurs à Samsun

Fermée en 2016, les autorités religieuses catholiques décident de sa réouverture qui prend effet en juin 2017. L’existence de chrétiens d’Orient irakiens dans cette ville peu de temps a été connue bien après leur prise de décision qui a finalement beaucoup changé le quotidien de ces réfugiés pour qui la religion tient une place prépondérante dans leur vie.

http://www.dubretzelausimit.com/2019/12/celebration-de-no-l-a-samsun-avec-la-communaute-des-chretiens-d-orient-irakiens.html

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